Reportage
ICASA 2008: Le Dr Piot revient sur 25 années de lutte contre le sida en Afrique
04 décembre 2008
04 décembre 200804 décembre 2008« Nous ne pouvons peut-être pas prévoir l’avenir, mais nous pouvons assurément l’infléchir, » a déclaré le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, le Dr Peter Piot, envisageant le futur après avoir passé en revue les 25 années de lutte contre le sida en Afrique. Le Dr Piot a retracé l’histoire de l’épidémie de sida en Afrique au cours du quart de siècle écoulé et a rappelé certaines des grandes étapes de la riposte au cours d’une session plénière de l’ICASA jeudi.
Sa présentation a illustré le déroulement du sida depuis la croissance explosive des premiers cas de sida en Afrique centrale jusqu’à cette épidémie qui touche plus de 20 millions de personnes dans l’ensemble du continent et constitue la principale cause de décès en Afrique.
Le Dr Piot a souligné combien le leadership politique et l’activisme de la société civile avaient contribué à rompre le silence et le déni qui entouraient l’épidémie dans les années 1980 et jusqu’au début des années 1990. Dans certains pays africains, ils ont contribué à mobiliser un engagement politique au niveau le plus élevé qui porte aujourd’hui ses fruits, le nombre de personnes nouvellement infectées ou mourant du sida étant à la baisse.
Le Dr Piot a également rappelé certaines des réunions et manifestations clés, dont la Déclaration d’Abuja sur le VIH en 2001, la création de l’Initiative en faveur de l’accès aux médicaments et le lancement du premier programme national de traitement du sida en Afrique (au Botswana). Il a également évoqué plusieurs des impressionnantes contributions scientifiques du continent à l’action mondiale contre le sida, notamment les découvertes entourant le VIH-2 et le SIV, l’hétérogénéité du VIH, les mécanismes et la prévention de la transmission hétérosexuelle et périnatale, le recours au cotrimoxazole pour traiter et prévenir les infections opportunistes, et la circoncision masculine.
Après avoir décrit les progrès accomplis jusqu’ici, la présentation a également porté sur certains des grands problèmes de demain. Ce seront notamment la pérennisation du soutien politique et du financement, l’expansion de la couverture de l’accès aux traitements antirétroviraux, l’intensification de la prévention du VIH, le renforcement des capacités techniques et communautaires et la mise en relation de la riposte au sida avec d’autres actions de santé publique et de développement. Le Dr Piot a tout particulièrement souligné la nécessité de connaître les modes locaux de transmission du VIH afin de mieux adapter les programmes et mesures de prévention.
La semaine dernière, l’ONUSIDA a lancé un nouveau rapport appelant les pays à réorienter leurs programmes de prévention du VIH lorsqu’ils auront déterminé comment les infections à VIH les plus récentes avaient été transmises et les raisons de leur survenue.
« Une telle approche permettra non seulement de prévenir les 1000 prochaines infections dans chacune des communautés, mais elle fera travailler plus efficacement l’argent disponible pour la lutte contre le sida et contribuera à proposer une riposte au sida viable à long terme, » a déclaré le Dr Piot.
Enfin, le Dr Piot a rappelé la nécessité de maintenir le caractère exceptionnel de la riposte au sida, qui est non seulement une urgence à court terme, mais doit faire l’objet d’un effort à long terme exigeant des partenariats, un leadership et un engagement élargis. « Nous ne pouvons peut-être pas prédire l’avenir, mais nous pouvons assurément l’infléchir, » a conclu le Dr Piot.