Reportage

L’ONUSIDA en deuil après la mort de Cyriaque Yapo Ako

22 juillet 2021

Brigitte Quenum, Directrice pays de l’ONUSIDA pour la Côte d’Ivoire

C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le 15 juillet 2021 le décès de Cyriaque Yapo Ako, l’un des pionniers de la riposte au VIH en Côte d’Ivoire et en Afrique.

Membre fondateur du Ruban Rouge CI en 1994, il n’a jamais cessé de promouvoir le rôle des communautés dans la riposte au VIH. Au poste de directeur exécutif de RIP+ dans les années 2000, il a ensuite apporté son expertise à plusieurs organisations, notamment la Coalition internationale pour la préparation au traitement, African Men for Sexual Health and Rights et I CHANGE CI. Par ailleurs, il a collaboré en tant que personne-ressource pour l’assistance technique avec plusieurs partenaires, notamment l’ONUSIDA, Population Services International, le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida et le Programme des Nations Unies pour le développement.

En tant que membre fondateur d’Arc-en-Ciel en 2003, la première organisation non gouvernementale pour les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes au sein de la riposte au sida en Côte d’Ivoire, il a défendu la nécessité de créer un espace sécurisé destiné aux minorités sexuelles en Afrique, en particulier en Côte d’Ivoire, où les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes sont fréquemment sujets à la stigmatisation, à la discrimination et à la violence.

Dynamique et habité d’une ferveur militante, il s’est exprimé plusieurs fois au nom des personnes les plus marginalisées et négligées de la riposte au sida.

Entre 2004 et 2009, il a représenté les personnes vivant avec le VIH et les minorités sexuelles dans le cadre du mécanisme national de coordination en Côte d’Ivoire, où il a défendu ardemment des ripostes au VIH centrées sur les personnes dans le développement des applications de lutte contre le VIH pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Il a milité pour les droits des personnes vivant avec le VIH et, plus largement, des droits des populations clés au cours de plusieurs conférences internationales. En tant qu’intervenant, il a ainsi défendu ses positions dans des exposés et des discours, notamment au cours de la Conférence internationale sur le sida et les IST en Afrique (ICASA) en 2008 à Dakar au Sénégal, de l’ICASA 2011 à Addis-Abeba en Éthiopie, de l’ICASA 2013 au Cap en Afrique du Sud et de la Conférence internationale sur le sida 2016 organisée à Durban en Afrique du Sud.

Son décès est une perte douloureuse pour toutes les personnes impliquées dans la riposte au sida, en particulier celles qui s’engagent à défendre les plus vulnérables.

Il était un ami, un frère et un collègue pour beaucoup d’entre nous.

Que son âme repose en paix.