Reportage

Une chanson pour ne plus discriminer

17 décembre 2021

L’humanité est en retard pour éradiquer le sida à l’horizon 2030. Ce retard n’est pas imputable à un manque de connaissances, de capacités ou de moyens, mais à des inégalités structurelles telles que la stigmatisation et la discrimination qui sont des freins à l’accès aux services de santé.

Les virus tels que le VIH ou la COVID-19 ne font pas de différence entre les gens, mais nous constatons que les sociétés, elles, le font. Elles stigmatisent et discriminent les personnes vivant avec le VIH, le plus souvent par ignorance, parce qu’elles ont peur de la maladie.

La discrimination reste un des plus grands champs de bataille en République Centrafricaine. C’est la raison pour laquelle le pays a été le premier au monde a adhéré au Partenariat mondial de lutte contre toutes les formes de discrimination et stigmatisation liées au VIH.

Pour mettre en œuvre les actions clés de ce Partenariat mondial, une Plateforme Zéro Discrimination a été établie. Elle se compose d'une trentaine de partenaires représentant les ministères, le Comité National de Lutte contre le Sida (CNLS), les agences des Nations unies, les partenaires techniques et financiers, la société civile, les organisations de défense des droits de l'homme et d'autres organisations. Avec l’appui de l’ONUSIDA, la Plateforme a fait appel à Ozaguin, le « roi de la rumba centrafricaine », pour que la musique et l’art portent ses messages de tolérance et de compassion.

Lors de la cérémonie de lancement de la nouvelle chanson d’Ozaguin contre la discrimination qui a eu lieu ce 9 décembre 2021 au stade de Bangui d’une capacité de 20,000 places, il a également été nominé comme porte-parole de la Plateforme.

Au nom de la Première Dame de Centrafrique, le Ministre de la santé et de la population a invité l’ensemble des institutions et des personnalités influentes, et tout un chacun, non seulement à ne pas discriminer, mais aussi à lutter contre la discrimination et la stigmatisation. « Nous devons collégialement signaler la discrimination et la stigmatisation dès que nous les voyons et œuvrer pour donner l’exemple. La discrimination tue. Elle exacerbe les situations d’urgence et alimente les pandémies. », a souligné le Ministre Pierre Somsé.

Le leadership déployé par les communautés victimes de discrimination et de stigmatisation reste une source d’inspiration. Leur détermination, leur courage et leur vision sont une étoile au firmament, comme l’a démontré le témoignage émouvant de Madame Christine Wilikon, membre du réseau national des personnes vivant avec le VIH (RECAPEV) lors de la cérémonie. « Les premières réactions à la connaissance de ma sérologie positive furent le désarroi, et une envie de mettre fin à ma vie. Mon rejet par les membres de sa famille a amplifié ma désorientation mentale et sociale. Mais les conseils et le soutien fournis par le Prêtre de ma paroisse ont progressivement conduit à ma réintégration sociale à travers les activités génératrices de revenus telles que le petit commerce, l’agriculture et le maraîchage. », a partagé Christine. Le public présent s’est levé en ovation pour elle. Elle a exhorté tous les Centrafricains à mettre un terme aux sentiments de culpabilité, de honte et de se faire dépister pour connaitre leur statut sérologique au VIH et au besoin prendre le traitement qui est gratuit.