Reportage

Donner les moyens aux jeunes vivant avec le VIH de devenir acteurs et actrices de changement en Thaïlande

23 janvier 2020

24 000 jeunes environ entre 15 et 24 ans vivent avec le VIH en Thaïlande. En 2018, ces jeunes représentaient près de la moitié des 6 400 nouvelles infections au VIH dans le pays.

La Thaïlande a réalisé d’énormes progrès dans sa riposte au sida, notamment en intégrant la gratuité de la thérapie antirétrovirale à sa couverture sanitaire universelle. Toutefois, les ados et les jeunes vivant avec le VIH n’ont souvent pas accès aux soins ou manquent de soutien pour suivre leur traitement, notamment face aux difficultés comme l’autostigmatisation, la stigmatisation et la discrimination ou encore le passage entre les soins destinés aux enfants et ceux pour les adultes.

Il y a trois ans, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et d’autres partenaires nationaux sous l’égide du Thai Network of People Living with HIV ont créé le Thai Network of Youth Living with HIV afin d’apporter une solution à cette situation. L’objectif principal de ce réseau consiste à autonomiser les ados et les jeunes vivant avec le VIH afin d'en faire les acteurs et les actrices des changements souhaités dans leur vie. Ce programme a été conçu pour fournir des services d’informations, des formations portant sur des compétences de la vie courante, ainsi qu’une assistance par et pour les ados et les jeunes vivant avec le VIH.

Kritthanan Ditthabanjong, un de ses premiers membres actifs, est à présent le responsable de la communication institutionnelle du réseau. Cet étudiant en journalisme travaille également en tant qu’éditeur de contenu pour des sites Internet et des magazines en Thaïlande. Il est devenu une figure emblématique de la jeunesse et représente le réseau lors d’évènements publics et dans les médias. Il se fait ainsi le relais des besoins des jeunes vivant avec le VIH.

« J’ai révélé publiquement mon statut sérologique, car je souhaitais que mon expérience profite à d’autres, mais je voulais aussi apporter aux jeunes les informations nécessaires pour mener dignement une vie en bonne santé. Je n’ai pas peur de m’exposer, car je sais que mes proches et ma communauté me soutiennent », déclare-t-il.

Grâce à l’aide technique et financière de l’UNICEF et d’autres partenaires, mais aussi par le biais de nombreuses plateformes et stratégies, le réseau apporte un soutien psychologique en cas de diagnostic positif et des informations contre l’autostigmatisation. Il réfléchit également à des compétences d’adaptation et crée un réseau de soutien pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination. « Les jeunes vivant avec le VIH ont besoin d’un soutien psychologique et d’une communauté en qui ils peuvent avoir confiance », continue M. Ditthabanjong.

Le réseau forme des jeunes responsables pour conseiller des personnes de leur âge vivant avec le VIH et les mettre en contact avec les établissements de santé, les hôpitaux et les services dirigés par les communautés afin de leur fournir un traitement et des soins contre le VIH. Ces jeunes responsables accompagnent aussi les jeunes vivant avec le VIH à leurs rendez-vous médicaux et vont les voir ensuite à leur domicile afin de faciliter le suivi de leur traitement.

Par ailleurs, le réseau utilise les médias sociaux pour entrer en contact avec les jeunes, leur apporter des informations sur le VIH et les aider à s’accepter. Des initiatives comme la campagne en ligne Growing UP with HIV créent des espaces où les jeunes peuvent poser librement leurs questions sur différents thèmes tels que la prévention du VIH ou les rapports sexuels sans risque et dire ce qu'ils pensent.

« Growing Up with HIV permet aux jeunes de faire partie de notre communauté et de leur faire sentir que nous sommes à leurs côtés », poursuit M. Ditthabanjong.

M. Ditthabanjong s’engage également avec l’UNICEF dans d’autres campagnes et actions menées sur les réseaux sociaux à destination de la jeunesse thaïlandaise. Elles lui permettent aussi de faire entendre la voix et le point de vue des jeunes vivant avec le VIH. Il a récemment fait partie de Dare to Dream, une campagne publique créée par l’UNICEF en Thaïlande dont l’objectif était de permettre aux jeunes d'exprimer leur opinion sur l’éducation et sur leurs besoins pour réussir le passage à l’âge adulte. « Avec nous, M. Ditthabanjong s’est transformé en quelques années d’un adolescent timide qui n’osait pas parler et cherchait toujours du regard l’approbation de son conseiller en un exemple pour les jeunes de son pays lorsqu’il est devenu l’un des neuf visages de la campagne Dare to Dream », indique un membre de l’UNICEF.

Et M. Ditthabanjong de conclure : « Un jour, j’ai donné une interview sur les réseaux sociaux. J’en étais à peine sorti que je recevais déjà un message d’un jeune qui venait d’être diagnostiqué avec le VIH. « Ma mère et mon père me rejettent et j’ai envie de mettre fin à mes jours », écrivait-il. Je lui ai téléphoné, nous nous sommes rencontrés et je l’ai convaincu de rejoindre notre réseau. Aujourd’hui, il va bien. Notre réseau change la vie des gens. »