Reportage

Rwanda : ouverture de la conférence ICASA dédiée au leadership en Afrique

03 décembre 2019

La 20e Conférence Internationale sur le SIDA et les Infections Sexuellement Transmissibles en Afrique (ICASA) s’est ouverte le 2 décembre dernier à Kigali, la capitale du Rwanda. Elle est placée cette année sous la devise : « Afrique sans sida - Innovation, communauté et leadership politique. »

Elle rassemble pendant une semaine des chercheurs, des membres de gouvernements et de la société civile ainsi que d’autres acteurs comme l’ONUSIDA et ses coparrainants. Tous sont là pour échanger sur les avancées scientifiques, les bonnes pratiques et les leçons tirées, mais aussi pour renforcer le leadership et l’action politiques.

Le président du Rwanda, Paul Kagame, a encouragé les leaders africains à mettre la priorité sur les financements nationaux des soins de santé. « Une bonne politique et une bonne gouvernance jouent un rôle important dans la santé de la population », a déclaré M. Kagame. « Il n’existe pas de substitut pour la construction d’une société inclusive et soucieuse du bien-être des citoyens. »

La prévalence du VIH au Rwanda est de 2,5 %, ce qui signifie que sur ses 12 millions d’habitants, 220 000 vivent avec le VIH. Ce taux atteint jusqu’à 20 % dans certains de ses voisins de l’Afrique subsaharienne où des millions de personnes vivent avec le virus, ce qui fait du VIH une réalité tangible sur le continent.

Lors de la cérémonie d’ouverture, le président du Mozambique a réitéré l’importance du leadership politique. « Nous avons besoin de leaders pour relayer les bons messages et pour que nos frères et sœurs se fassent dépister et suivent un traitement », a expliqué M. Filipe Nyusi. Il a ajouté que l’approche reposant sur les organisations communautaires peut améliorer l’adhésion aux services,

point de vue partagé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Depuis les débuts de l’épidémie, les organisations communautaires ont été les moteurs de la riposte au sida », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, le Directeur-général de l’OMS. Avant d’ajouter : « En tant que leaders, nous devons être à l’écoute des communautés et de leurs besoins, et non pas leur dicter leurs besoins. »

Cette conférence a débuté le lendemain de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Le thème de l’édition 2019 mettait en avant le rôle essentiel joué par le passé et aujourd’hui par les organisations communautaires dans la riposte au sida à tous les niveaux. L’ONUSIDA a souligné la nécessité de leur action dans un climat de recul des financements et des libertés de la société civile, ce qui fragilise la pérennité des services fournis.

Au cours des réunions au programme du premier jour, la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, n’a eu de cesse de marteler la nécessité d’allouer des ressources aux organisations communautaires et à la société civile. « Pour les personnes vivant avec le VIH, la mobilisation des ressources est une question de vie ou de mort », a déclaré Mme Byanyima au cours d’une réunion portant sur les investissements de santé et rassemblant des leaders africains. « Alors que les donateurs ferment le robinet, restera-t-il suffisamment d’argent pour le

traitement des personnes qui en ont besoin ? », a-t-elle demandé. « Voilà pourquoi le programme de prévention est essentiel. »