Actualité
Les hôpitaux d’Asie du Sud-Est intensifient leurs efforts contre la stigmatisation liée au VIH
02 mars 2017
02 mars 201702 mars 2017L’Institut Bamrasnaradura sur les maladies infectieuses situé à Nonthaburi est l’un des premiers
L’Institut Bamrasnaradura sur les maladies infectieuses situé à Nonthaburi est l’un des premiers hôpitaux de Thaïlande dans le domaine du traitement et des soins contre le VIH. Ses salles d’attente accueillent de nombreux patients. Ce mois-ci, les personnes qui attendent leur rendez-vous pourront voir sur les écrans de l’hôpital des reportages sur des personnes vivant avec le VIH qui ont vaincu la stigmatisation grâce au soutien de leurs communautés. Sur le millier d’hôpitaux que compte la Thaïlande, Bamrasnaradura fait partie de ceux qui se sont associés à la campagne Zéro discrimination dans le secteur de la santé.
Le Ministère thaïlandais de la Santé publique, le Réseau thaïlandais des personnes vivant avec le VIH/sida (TNP+) et l’ONUSIDA ont lancé la campagne le 2 mars à Bamrasnaradura.
« Plus de 30 ans après l’apparition du VIH en Thaïlande, la stigmatisation reste un problème majeur », explique Jessada Chokdamrongsuk, Directeur général du Département de contrôle des maladies, Ministère de la Santé publique. « La Thaïlande s’engage à veiller à ce que les établissements de santé soient des environnements sûrs et rassurants ».
La campagne inclut une vidéo avec un bref message du chanteur populaire thaïlandais, Chalatit Tantiwut, également Ambassadeur itinérant national de l’ONUSIDA pour la Thaïlande, dans lequel il encourage tout le monde à rejoindre le mouvement Zéro discrimination.
« Tout acte de discrimination envers qui que ce soit et quelle qu’en soit la raison est toujours hors limites », explique M. Chalatit. « La musique est ce que je sais faire de mieux et j’estime qu’il est de mon devoir de contribuer à la société en faisant du bruit en faveur de zéro discrimination ».
Cette initiative s’inscrit dans les efforts continus du Ministère thaïlandais de la Santé publique visant à s’attaquer aux comportements et attitudes stigmatisants du personnel envers les personnes vivant avec le VIH. Une étude portant sur 1 600 agents de santé thaïlandais a montré que 60 % d’entre eux avaient peur de contracter une infection à VIH en effectuant des tâches de routine et 90 % reconnaissaient avoir eu au moins une attitude stigmatisante.
Avec l’appui de la société civile, de l’ONUSIDA et de l’Agence des États-Unis pour le Développement international, le Ministère de la Santé publique a élaboré un programme complet de réduction de la stigmatisation qui sera progressivement appliqué dans tous les hôpitaux publics.
« La Thaïlande est en train de montrer comment lutter contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH dans les hôpitaux et les cliniques », explique Tatiana Shoumilina, Directrice nationale de l’ONUSIDA pour la Thaïlande. « Ce problème est persistant et généralisé dans de nombreuses régions du monde. Il faut le résoudre pour accélérer la riposte au VIH et mettre fin à l’épidémie de sida comme menace de santé publique ».
« La Journée Zéro Discrimination du 1er mars est désormais un événement bien établi, aussi bien en Thaïlande qu’à l’échelle mondiale », déclare Apiwat Kwangkaew de TNP+. « J’aimerais malgré tout encourager les gens à mettre en pratique la discrimination zéro au quotidien. La peur de la transmission du VIH et les préjugés à l’encontre des personnes vivant avec le VIH freinent l’accès au traitement et aux soins, à l’emploi et à l’éducation ».
Le programme thaïlandais de réduction de la stigmatisation liée au VIH pour les agents de santé est l’une des initiatives mondiales les plus ambitieuses et son succès jusqu’à présent est tel qu’il est en train d’être adapté et mis en œuvre dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est.
Après une étude de 2014 sur les personnes vivant avec le VIH qui avait montré que la stigmatisation et la discrimination dans le secteur de la santé constituaient un problème majeur au Vietnam, des responsables de la santé se sont mis à examiner les meilleures pratiques, et le modèle thaïlandais a semblé être un bon exemple.
À Hô-Chi-Minh-Ville, l’Administration vietnamienne pour la lutte contre le sida, avec l’appui de l’ONUSIDA, a lancé un test pilote du programme. L’initiative a débuté par une étude menée sur trois hôpitaux de la ville, qui a conduit à un programme pour les agents de santé adapté au contexte vietnamien. Un stage visant à donner aux agents de santé la capacité de réduire les attitudes et les comportements stigmatisants a eu lieu dans la ville du 28 février au 3 mars.
« Nous allons réaliser une évaluation à l’issue de ce projet pilote. J’espère que les leçons tirées de ce test permettront d’améliorer davantage la méthode de mesure de la discrimination liée au VIH dans le secteur de la santé et les approches programmatiques, de manière à pouvoir élargir la pratique à l’échelle nationale », a déclaré Hoang DinhCanh, Directeur adjoint de l’Administration vietnamienne pour la lutte contre le sida.
La République démocratique populaire du Laos est également en train d’adapter l’initiative thaïlandaise et le Myanmar a exprimé son intérêt pour une approche analogue. La discrimination est une barrière qui empêche l’accès aux services de santé pour les personnes vivant avec le VIH dans le monde, et c’est pourquoi l’ONUSIDA a décidé de consacrer l’édition 2017 de la Journée Zéro Discrimination à l’élimination de la discrimination dans le secteur de la santé.