Reportage
Leadership et orientation sur les populations les plus touchées encadrent la riposte de l'Indonésie au VIH
27 octobre 2014
27 octobre 201427 octobre 2014Une délégation du Conseil de coordination du Programme de l'ONUSIDA (CCP) a mené une visite de te
Une délégation du Conseil de coordination du Programme de l'ONUSIDA (CCP) a mené une visite de terrain en Indonésie du 22 au 24 octobre afin de voir comment le pays avait mis en place une riposte intégrée et décentralisée au sida, qui a permis d'accélérer l'utilisation stratégique du traitement anti-VIH, d'augmenter le dépistage et le conseil et de renforcer les services de prévention anti-VIH auprès des populations les plus touchées.
L'Indonésie démontre ainsi comment une approche multisectorielle du VIH, combinée à un leadership cohérent à tous les niveaux, aide le pays à stabiliser l'épidémie, accélérer le traitement et fournir des services anti-VIH innovants et complets. La riposte au sida du pays est guidée par une stratégie d'investissement développée avec l'appui de l'ONUSIDA, qui oriente les ressources et les efforts là où ils sont le plus nécessaires.
« La riposte de l'Indonésie montre qu'un engagement et un leadership intersectoriels, avec une participation impressionnante et dynamique de la société civile, sont fondamentaux pour mettre en œuvre les stratégies », a déclaré Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, qui chapeautait la visite. « Alors que nous regardons vers l'horizon de la fin de l'épidémie de sida d'ici 2030, un engagement soutenu à tous les niveaux sera essentiel pour avoir un impact efficace, à la fois pour le sida et pour l'agenda sur la santé et le développement dans son ensemble ».
Selon les estimations nationales, 638 000 personnes vivent avec le VIH en Indonésie, et les données nationales les plus récentes montrent que les nouvelles infections se stabilisent, malgré des augmentations chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. L'épidémie en Indonésie se concentre largement au sein des populations les plus exposées, à savoir les professionnel(le)s du sexe et leurs clients, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transsexuelles et les consommateurs de drogues injectables. Même si la prévalence nationale du VIH est faible, ces populations et certaines régions géographiques, notamment les villes et les provinces de Papouasie, payent un plus lourd tribut au VIH.
La riposte de l'Indonésie montre qu'un engagement et un leadership intersectoriels, avec une participation impressionnante et dynamique de la société civile, sont fondamentaux pour mettre en œuvre les stratégies
Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA
La délégation, composée de membres venus d'Australie, du Brésil, du Salvador, d'Iran, du Luxembourg, d'Ukraine et du Zimbabwe, ainsi que de représentants des ONG et des Coparrainants de l'ONUSIDA auprès du CCP, a rencontré plusieurs partenaires nationaux, notamment de hauts responsables des autorités exécutives nationales, provinciales et municipales, la Commission nationale de lutte contre le sida, des partenaires de développement, des organisations de la société civile et l'équipe nationale des Nations Unies. La délégation a également visité plusieurs sites pour observer des exemples d'élargissement de l'accès au dépistage et au traitement du VIH et de moyens de lutte contre la stigmatisation et la discrimination.
Lors d'une réunion avec la délégation du CCP, le Gouverneur par intérim de Jakarta, Basuki Tjahaja Purnama, a mis en avant la riposte des autorités locales au VIH dans la capitale. Le Gouverneur par intérim a insisté sur les investissements considérables que les autorités locales ont réalisés en faveur des programmes de lutte contre le VIH, notamment l'augmentation de l'accès au traitement anti-VIH, et fait part de son engagement de faire une priorité de la santé, de l'éducation, de l'emploi et du logement des personnes vivant avec le VIH, afin de veiller à ce que personne ne soit laissé de côté.
Ces dernières années, l'Indonésie a fait passer son financement national à 42 % de ses dépenses totales pour la lutte contre le sida. Tout au long de la visite, l'accent a été mis à tous les niveaux sur l'engagement politique pour une nouvelle hausse du financement national. Cependant, les responsables gouvernementaux ont également souligné que le financement international restait essentiel pour accélérer la riposte, en particulier pour l'accès au traitement anti-VIH.
Des services adaptés aux communautés, la clé d'une riposte durable
À l'occasion d'un rassemblement de groupes de la société civile, notamment des réseaux de personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus, la délégation a pu constater comment les organisations de jeunes mobilisent les jeunes Indonésiens dans le cadre de l'initiative ACT 2015, pour s'assurer que le VIH et les droits en matière de santé sexuelle et reproductive restent une priorité du nouveau gouvernement du pays et de la prochaine période de développement.
Des visites de terrain dans plusieurs établissements publics et privés de services anti-VIH à Jakarta et Denpasar ont montré comment les services adaptés aux communautés et dirigés par celles-ci permettent d'améliorer le développement des services et de réduire la stigmatisation et la discrimination. Citons par exemple le principal hôpital central du pays en matière de traitement anti-VIH à Jakarta, qui gère des programmes de sensibilisation du personnel aux besoins spécifiques des populations les plus exposées au risque, et la Yayasan Kertipraja Foundation ainsi que la Bali Medika Clinic à Denpasar, où plusieurs programmes menés par les populations les plus touchées fournissent des services faciles d'accès en dehors des heures de travail et le samedi. De même qu'une demande croissante des populations les plus touchées, ces programmes ont contribué à favoriser un recours précoce au traitement anti-VIH. La Commission nationale de lutte contre le sida, avec l'appui de l'ONUSIDA, examine comment reproduire et élargir ces modèles dans tout le pays.