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Création d’une nouvelle alliance mondiale pour mettre fin au sida pédiatrique d’ici 2030

Dans le monde, la moitié seulement des enfants vivant avec le VIH (52 %) obtient un traitement vital. L’ONUSIDA, l’UNICEF et l’OMS sont à l’initiative d’une nouvelle alliance visant à mettre un terme à l’une des disparités les plus flagrantes de la riposte au sida.

MONTRÉAL/GENÈVE/NEW YORK, le 1er août 2022 – Selon les données que vient de publier l’ONUSIDA dans son rapport mondial sur le sida 2022, la moitié seulement des enfants vivant avec le VIH (52 %) obtient un traitement vital dans le monde. Ce chiffre est bien inférieur à celui des adultes qui sont en effet 76 % à recevoir des antirétroviraux. Face au ralentissement inquiétant des progrès accomplis contre le sida pédiatrique et à l’écart qui se creuse entre les enfants et les adultes, l’ONUSIDA, l’UNICEF, l’OMS et des partenaires ont constitué une alliance mondiale. Celle-ci a pour objectif de garantir l’accès de tous les enfants séropositifs à un traitement d’ici la fin de la décennie et de prévenir les nouvelles infections chez les nourrissons.

La nouvelle Alliance mondiale pour mettre fin au sida chez les enfants d’ici 2030 a été dévoilée par des personnalités éminentes lors de la Conférence internationale sur le sida qui se tient à Montréal au Canada.

Outre les agences des Nations Unies, l’alliance réunit des organisations de la société civile, notamment le Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH, les gouvernements nationaux des pays les plus touchés et des partenaires internationaux, notamment le PEPFAR et le Fonds mondial. L’alliance compte douze pays dans sa phase initiale : l’Afrique du Sud, l’Angola, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Kenya, le Mozambique, le Nigeria, l’Ouganda, la République démocratique du Congo (RDC), la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe.

S’appuyant sur des consultations, l’alliance a identifié quatre piliers d’action collective :

  1. Combler l’écart de traitement pour les adolescentes et les femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH, et améliorer la continuité du traitement ;
  2. Prévenir et détecter les nouvelles infections au VIH chez les adolescentes et les femmes enceintes et allaitantes ;
  3. Garantir un dépistage accessible, un meilleur traitement et une prise en charge complète des nourrissons, des enfants et des ados exposés et vivant avec le VIH ;
  4. Lutter pour les droits, l’égalité des sexes et la suppression des obstacles sociaux et structurels qui entravent l’accès aux services. 

Au cours de son intervention devant la Conférence internationale sur le sida, Limpho Nteko originaire du Lesotho a raconté comment elle avait découvert sa séropositivité à l’âge de 21 ans alors qu’elle était enceinte de son premier enfant. Cet évènement a marqué la première étape d’une évolution qui l’a conduite aujourd’hui à travailler pour mothers2mothers, un programme pionnier dirigé par des femmes. Pour elle, pas de riposte efficace possible si le leadership des communautés n’est pas encouragé.

« Nous devons tous et toutes mettre le pied au plancher afin d’éradiquer le sida chez les enfants d’ici 2030 », a déclaré Mme Nteko. « Pour réussir, nous avons besoin d’une jeune génération informée et en bonne santé qui se sent libre de parler du VIH et d’obtenir les services et l’appui dont les jeunes ont besoin pour se protéger, ainsi que leurs enfants, contre le VIH. Pour la huitième année consécutive, mothers2mothers est parvenue à éliminer virtuellement la transmission du VIH de la mère à l’enfant parmi les femmes membres du programme. Notre exemple montre bien ce qui est possible lorsque nous laissons les femmes et les communautés trouver des solutions adaptées à leurs réalités. » 

L’alliance est prévue pour les huit prochaines années jusqu’en 2030 et cherchera à mettre un terme à l’une des disparités les plus flagrantes de la riposte au sida. Les membres de l’alliance estiment d’une seule voix que ce partenariat donne les clés pour relever ce défi.

« L’écart important entre la couverture du traitement des enfants et des adultes est une honte », a déclaré la directrice de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Cette alliance nous permettra de canaliser notre sentiment de honte pour le transformer en action. La combinaison de nouveaux médicaments plus efficaces, d’un engagement politique renouvelé et du militantisme farouche des communautés peut nous permettre d’être la génération qui mettra fin au sida chez les enfants. Nous pouvons y arriver, mais cela n’est possible qu’ensemble. »

« Malgré les progrès accomplis dans la réduction de la transmission verticale, l’amélioration du dépistage et du traitement, et la démocratisation de l’accès à l’information, les enfants du monde entier ont encore beaucoup moins de chance d’avoir accès aux services de prévention, de soins et de traitement du VIH que les adultes », a déclaré la directrice exécutive de l’UNICEF, Catherine Russell. « Le lancement de l’Alliance mondiale pour mettre fin au sida chez les enfants est une étape importante et l’UNICEF s’engage à travailler aux côtés de tous nos partenaires afin de voir émerger un futur sans sida. »

« Aucun enfant ne doit naître avec le VIH ou grandir avec lui, et aucun enfant vivant avec le VIH ne doit être dépourvu d’un accès à un traitement », a déclaré le directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Gheberyesus. « Le fait que seule la moitié des enfants vivant avec le VIH reçoivent des antirétroviraux est un scandale et entache notre conscience collective. L’Alliance mondiale pour mettre fin au sida chez les enfants est l’occasion de renouveler notre engagement envers les enfants et leurs familles, de s’unir, de parler et d’agir avec détermination et solidarité avec l’ensemble des mères, des enfants et des ados. »

La ministre de la Santé du Nigeria, Dr Osagie Ehanire, s’est engagée à « changer la vie des enfants laissés pour compte » en mettant en place les systèmes nécessaires en vue de garantir que les services de santé répondent aux besoins des enfants séropositifs.

Elle a par ailleurs annoncé que le Nigeria accueillera le coup d’envoi politique de l’alliance en Afrique lors d’une rencontre des ministres programmée en octobre 2022.

 

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reddys@who.int

The Global Alliance to end AIDS in children

Watch: Global Alliance launch 2022: ending AIDS in children

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L’ONUSIDA salue l’accord de ViiV visant à permettre la production générique de PPrE à action prolongée dans 90 pays

Montréal/Genève, le 28 juillet 2022 -- L’ONUSIDA salue l’accord conclu entre ViiV et le Medicines Patent Pool (MPP) pour permettre l’accès à la formulation générique du Cabotegravir à action prolongée pour la PPrE dans 90 pays à revenu faible et intermédiaire inférieur.

Directeur exécutif adjoint par intérim de l’ONUSIDA, le Dr Matt Kavanagh, a déclaré :

« L’ONUSIDA salue cette décision de la ViiV et félicite le Medicines Patent Pool pour avoir obtenu cet accord. Soutenir la production de CAB-LA génériques abordables pourrait protéger des millions de personnes du VIH.

Certains laboratoires pharmaceutiques ont affirmé que le partage de technologies compromettrait le développement de la technologie, mais cet accord de licence prouve que les laboratoires peuvent partager et prospérer.

Les progrès de la riposte mondiale au VIH ralentissent, et dans trop de pays, nous constatons même une augmentation des infections. Les objectifs 2025 sont en danger, et seules des actions audacieuses permettront d'infléchir la courbe des nouvelles infections. Nous ne pouvons pas attendre que de nouvelles technologies soient déployées. D’autres mesures sont essentielles pour s’assurer que le potentiel de cette annonce est pleinement réalisé.

Tout d’abord, il est primordial que la licence soit étendue à plus de 90 pays. Les pays à revenu intermédiaire sont aujourd’hui ceux où la majorité des nouvelles infections à VIH surviennent et où vivent de nombreuses populations clés les plus exposées au risque de VIH. Ces dernières ont le plus besoin d’accéder à des traitements antirétroviraux à action prolongée. Mais beaucoup de personnes ne sont pas incluses dans cette licence malgré le besoin considérable de nouvelles technologies de santé abordables.

Deuxièmement, comme la mise en ligne de la production de génériques prendra plusieurs années, il est crucial que ViiV s’engage à vendre CAB-LA dans les pays à revenu faible et intermédiaire à un prix aussi proche que possible du coût actuel de la PPrE orale, actuellement environ 60 $. Cela permettrait à ViiV d’éviter des millions de nouvelles infections à VIH. »

L’ONUSIDA salue les clauses de non-exclusivité de l’accord, qui permet aux producteurs de génériques qualifiés du monde entier d’exprimer leur intérêt pour sa production. L’ONUSIDA encourage ViiV et MPP à soutenir les producteurs de génériques dans le développement de cette nouvelle technologie par le biais d’un transfert cohérent de l’ensemble de technologies qui va au-delà des aspects liés aux licences.

Cet accord pourrait également ouvrir la voie au partage de technologies sur les traitements à action prolongée.  L’ONUSIDA demande instamment que les licences aident à développer l’entrée accélérée sur le marché des formulations génériques de médicaments antirétroviraux à action prolongée, non seulement pour la prévention, mais aussi pour le traitement, lorsque des directives normatives sont établies.

L’ONUSIDA appelle les entreprises, les gouvernements et les bailleurs de fonds à veiller à ce que toutes les personnes ayant besoin d’antirétroviraux à action prolongée puissent y accéder.

« Nous encourageons tous les laboratoires qui développent des médicaments anti-VIH à action prolongée à s’engager à partager la technologie par le biais de la Medicines Patent Pool et tous les gouvernements à agir rapidement pour garantir un accès abordable aux technologies les plus récentes pour leurs bénéficiaires », a déclaré le Dr Kavanagh. « Les retards mortels dans le déploiement des produits anti-VIH que nous avons vus tôt dans l’épidémie de sida et qui ont récemment été répétés avec des vaccins et des traitements contre la COVID-19 ne doivent plus se renouveler. Le partage de la technologie est essentiel pour stopper les pandémies. »

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Urgence de la variole du singe : l’ONUSIDA appelle à riposter par des mesures de santé publique basées sur les droits et par un accès équitable aux vaccins

GENÈVE, le 23 juillet 2022 - L’ONUSIDA appelle les gouvernements à répondre immédiatement à la déclaration de l’Organisation mondiale de la Santé sur la variole du singe, urgence de santé publique de portée internationale. L’OMS a reçu plus de 16 000 signalements dans 75 pays. L’épidémie survient particulièrement, mais pas exclusivement, chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. 

« L’Organisation mondiale de la Santé lance un appel urgent fondé sur des preuves manifestes que la variole du singe représente une menace mondiale pour la santé des communautés et nécessite une riposte mondiale », a déclaré le Dr Matthew Kavanagh, Directeur exécutif par intérim de l’ONUSIDA. « Cette épidémie peut être stoppée si les gouvernements, les prestataires de santé, les communautés et les laboratoires pharmaceutiques agissent sans délai. Les actions de santé publique efficaces doivent s’appuyer sur les enseignements douloureux tirés de la riposte à la pandémie de sida et sur les principes de solidarité, d’égalité, de non-discrimination et d’inclusion. Le virus, qui se propage par un contact étroit, peut toucher n’importe qui. Mais il touche surtout les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, qui sont discriminés dans de nombreuses communautés. La stigmatisation et la discrimination compromettent la riposte à l’épidémie, car elles forcent les personnes symptomatiques à se cacher, ce qui ne protège ni leur santé ni celle de leur communauté. Cela peut également amener les autorités de santé publique à mésestimer le degré d’urgence. Nous devons faire preuve de compassion envers les personnes touchées, pas de discrimination. L’ONUSIDA invite les gouvernements à nouer des partenariats et à impliquer les communautés touchées dans le développement, la mise en œuvre et le suivi de toutes les étapes de la riposte. 

« Nous craignons que certains pays à revenu faible et intermédiaire aient du mal à accéder aux vaccins déjà déployés dans les pays à revenu élevé. La répétition du nationalisme et des inégalités en matière de vaccins prolongerait l’épidémie et approfondirait injustement les souffrances liées à ce virus.  Nous appelons les gouvernements et les fabricants de vaccins à collaborer pour garantir que toutes les personnes en ayant besoin accèdent aux vaccins et en bénéficient, y compris dans les pays endémiques.

« L’ONUSIDA tient à reconnaître le leadership des organisations dirigées par des communautés d’hommes gays, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Dans de nombreux pays, elles ont fait preuve de proactivité dans la riposte à l’épidémie, la sensibilisation, la lutte contre les fausses informations et le soutien aux efforts de vaccination. »

L’épidémie de variole du singe montre que des communautés continueront d’être menacées par des virus. La coordination et la solidarité internationales sont donc essentielles pour la santé publique. En effet, les virus ne peuvent disparaître que si toute l’humanité y met du sien.

L’ONUSIDA enjoint à tous les médias qui couvrent l’épidémie de variole du singe de suivre les mises à jour régulières publiées par l’OMS.

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En République démocratique du Congo, Thérèse Omari maintient son engagement pour mettre fin au sida et offrir une vie digne et harmonieuse aux personnes vivant avec le VIH

28 juillet 2022

« Nous sommes là, nous ne baissons pas les bras ». Ce sont les mots encourageants de Thérèse Omari, une activiste engagée depuis plus de 20 ans dans la lutte contre le sida au sein de la fondation Femme Plus dont elle est la cofondatrice et la Directrice nationale en République démocratique du Congo.

Femme Plus, fidèle à sa devise « vie positive », œuvre pour l’amélioration de la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH. « L'objectif est avant tout que nos bénéficiaires vivent en harmonie avec eux-mêmes, avec leur entourage et avec leurs croyances », explique Mme Omari.

Pour cela, la fondation assure l’accompagnement psychosocial des personnes vivant avec le VIH ou affectées par le virus grâce à des services de conseils, de soins et d’assistance. Femme Plus mène aussi de nombreuses activités au sein des communautés afin de libérer les personnes vivant avec le VIH du poids de la stigmatisation. « Il y a encore beaucoup à faire pour changer les comportements à l’égard des personnes vivant avec le VIH », regrette Mme Omari. En République Démocratique du Congo, la stigmatisation liée au VIH est encore très présente, notamment en milieu communautaire. « Beaucoup de personnes vivant avec le VIH déclarent ne plus participer à des réunions de famille et autres évènements, de peur d’être discriminées. Il est alors primordial que les personnes qui se présentent à Femme Plus se sentent considérées comme des personnes normales ayant des droits et des obligations », explique-t-elle. Afin de faire évoluer les consciences, la fondation met en place des ateliers destinés à apporter aux communautés les connaissances nécessaires pour mieux accompagner une personne vivant avec le VIH, sans la mettre à l’écart ni la traiter différemment.

Mme Omari déplore également la persistance de la stigmatisation et de la discrimination dans les milieux de soins malgré les nombreuses formations sur le VIH destinées au personnel soignant. Elle reçoit notamment des témoignages de femmes enceintes ayant été diagnostiquées positives au VIH dans une structure et souhaitant accoucher dans un autre centre de soin, de peur d’être stigmatisées et traitées différemment. Ce phénomène est problématique puisqu’il peut nuire à une prise en charge adaptée de la mère et du nourrisson.

Mettre fin à la discrimination et assurer la protection des droits des personnes vivant avec le VIH est donc l’une des priorités de Femmes Plus pour les aider à s’affirmer et faire les bons choix en ce qui concerne leur santé. « Nous encourageons les personnes vivant avec le VIH à se prendre en charge, à parler de ce qui ne va pas, pour leur propre bien », nous dit Mme Omari.

Mme Omari nous interpelle aussi sur d’autres obstacles à la riposte au sida. Le manque d’accès à la prévention et aux traitements, le faible taux de personnes ayant une charge virale indétectable, font partie des points faibles de la lutte en République démocratique du Congo. « Tout le monde n’a pas accès au dépistage. Il y a encore des personnes porteuses du VIH qui vivent dans l’anonymat », alerte Mme Omari.

Pour pallier ce manque, la fondation Femme Plus intervient auprès des dirigeants communautaires pour leur enseigner comment rester en bonne santé avec le VIH. Parmi d’autres activités, elle agit également auprès des femmes en âge d'être enceintes ou allaitantes en leur apportant les connaissances nécessaires pour protéger leurs bébés et ainsi mettre fin à la transmission verticale.

« Tant qu’il y aura des personnes qui ne connaissent pas leur statut sérologique, qui n’ont pas accès aux traitements et qui n’ont pas atteint une charge virale indétectable, la lutte de la fondation Femme Plus aura toujours un sens » insiste Mme Omari.

Elle termine en précisant que la lutte contre le sida en République démocratique du Congo s’opère dans un contexte où les ressources sont limitées. « La population locale doit s’approprier les activités de prise en charge psychosociale et de prévention pour faire du VIH un enjeu électoral », explique-t-elle. Dans l’attente de financements plus conséquents de la part de l'Etat et d’une meilleure traçabilité des fonds, les services dirigés par les communautés ont un rôle crucial à jouer auprès des personnes vivant avec le VIH. Ils sont au cœur de la lutte contre le sida, plaidant pour l'accès à la prévention et aux soins vitaux, appelant au respect des droits humains et répondant aux besoins spécifiques de leurs bénéficiaires. Leur appui est donc crucial pour relever les défis de la lutte contre le VIH et mettre fin au sida d’ici 2030.

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Martine Somda, activiste engagée dans la lutte contre le VIH au Burkina Faso, poursuit son combat pour défendre les droits des personnes vivant avec le VIH

26 juillet 2022

Mme Martine Somda Dakuyo a 34 ans lorsqu’elle est diagnostiquée positive au VIH. Cette annonce, qu’elle décrit comme traumatisante, bouleverse soudainement tous les espoirs et projets de cette mère de quatre enfants. « J’ai beaucoup souffert de la peur de mourir prématurément et dans des conditions déplorables » explique-t-elle. Malgré un profond sentiment de colère et d’injustice, elle parvient finalement à accepter son statut et va même jusqu'à le rendre publique dans les médias pour encourager les personnes vivant avec le VIH à s’accepter et obtenir de l’aide.

Aujourd’hui, grâce à ses traitements qui contrôlent sa charge virale et la maintiennent en bonne santé, Martine peut espérer vivre une vie heureuse et productive. Elle est l’une des pionnières de la lutte contre le sida au Burkina Faso avec près de 29 ans de combat aux côtés de l’ONG Responsabilité Espoir Vie Solidarité (REVS+). Cette association, dont elle est l’initiatrice et la Présidente du Conseil d’Administration, œuvre en faveur de la prévention du VIH, la prise en charge des personnes exposées au virus et la promotion de leurs droits humains.

« La lutte contre le sida en Afrique de l’Ouest et du Centre reste une urgence sanitaire » alerte Mme Somda. Bien que le taux de prévalence du VIH s’élève à 0,7% au Burkina Faso, Mme Somda nous interpelle sur la situation des populations clés, davantage exposées aux dangers du VIH, et sur les raisons qui conduisent à cette triste réalité. Elle évoque notamment le contexte politique et sécuritaire de la région, les propositions de lois discriminatoires à l’égard des populations clés et la faible implication des personnes affectées par le VIH dans la lutte contre le sida comme obstacles à une prise en charge effective.

Afin de préserver les populations clés des dangers liés au VIH, Mme Somda a pour ambition de permettre l’accès universel aux méthodes de prévention, lesquelles sont un aspect crucial de la lutte contre le sida.

« Se concentrer sur l’accès effectif à la santé et aux droits des personnes en situation de rejet social et de criminalisation, c’est le défi auquel la lutte contre le sida devra répondre », affirme-t-elle.

Pour parvenir à un accès universel aux services de prévention, de soins et de suivi, Mme Somda préconise, entre autres, une plus grande implication des personnes affectées par le VIH dans l’élaboration des stratégies nationales de lutte contre le sida, une meilleure reconnaissance des actions menées sur le terrain et l’élimination des inégalités sociales et économiques qui alimentent l’épidémie.

En outre, Mme Somda nous fait part de ses préoccupations concernant le conservatisme et les pressions culturelles, religieuses et traditionnelles, qui favorisent la stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH.  Cette discrimination se manifeste sous diverses formes ; par des attaques verbales ou physiques, des menaces, du harcèlement, des arrestations arbitraires, observe-t-elle. De tels comportements sont dangereux et représentent un obstacle majeur à la lutte contre le sida puisqu’ils découragent les personnes vivant avec le VIH à se tourner vers les services appropriés. Il est ainsi urgent de mettre fin à ces violences pour créer un climat favorable au respect et à la protection des droits des personnes vivant avec le VIH. Instaurer un discours plus inclusif, sans préjugés discriminatoires et erronés, permettra une réponse plus efficace et guidée par des valeurs de respect, d'intégrité et d'égalité.

C’est dans cette dynamique que REVS+ a mis en place en 2015 des ateliers et formations destinés aux décideurs, dirigeants religieux et coutumiers, professionnels de santé, police et médias. L'objectif de ces activités est avant tout de dénoncer les stéréotypes autour des personnes vivant avec le VIH et de mettre fin à la discrimination.

« La contribution des services communautaires à la réponse au VIH est connue et avérée, en cela qu’elle vient en complémentarité des services offerts par le système sanitaire public », explique Mme Somda. Assurer la continuité de leurs activités, et permettre au plus grand nombre d'en profiter est une nécessité pour lutter efficacement contre le sida dans la région. C’est notamment grâce à la résilience des réseaux comme REVS+, qui ont assuré le maintien des activités de prévention et des services de prise en charge des personnes affectées par le VIH, que l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les personnes vivant avec le VIH a pu être minimisé.

Enfin, pour garantir l’efficacité de la lutte contre le sida dans la région, et plus particulièrement au Burkina Faso, Mme Somda espère voir des financements plus conséquents et « davantage orientés sur le terrain, sur l’alignement des politiques, des stratégies et en accord avec les besoins des groupes marginalisés ».

Grâce à cet échange avec Mme Somda, nous constatons une nouvelle fois que le chemin à parcourir est encore long pour mettre fin au sida dans la région. Cet objectif est toutefois à portée de main si l'ensemble des acteurs de la riposte au VIH travaillent conjointement à l'élaboration de stratégies multi-sectorielles. La mise en œuvre de mesures permettant un accès universel aux services de prévention, l'élimination des inégalités et des stéréotypes liés au VIH ainsi qu’une meilleure gestion des investissements sont des priorités incontournables pour mettre fin au sida d'ici 2030.

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Rapport du HCDH : agir en faveur des droits humains est indispensable pour mettre fin au sida d’ici 2030

29 juin 2022

Un nouveau rapport intitulé « Droits de l’homme et VIH/sida » a été présenté au cours de la 50e session du Conseil des droits de l’homme. Il confirme que la mise en œuvre de leviers sociétaux et le respect total des droits humains sont indispensables pour mettre fin au sida comme menace de santé publique d’ici 2030.

Ce document a été présenté par la haute-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet. Celle-ci l’a décrit comme un outil permettant de catalyser et de concentrer les efforts pour atteindre les objectifs de 2025 et protéger les droits des personnes vivant avec le VIH ou touchées par le virus.

« Il faut adopter une approche basée sur les droits humains afin de garantir que toutes les politiques pertinentes pour la riposte au VIH respectent, protègent et garantissent les droits humains, en veillant à ce que les populations clés et les autres populations marginalisées soient en mesure de revendiquer leurs droits », a déclaré Mme Bachelet.

Le rapport recommande des actions nécessaires pour atteindre les objectifs portant sur les leviers sociétaux qui ont été adoptés par l’Assemblée générale dans sa Déclaration politique sur le VIH et le sida : Mettre fin aux inégalités et agir pour vaincre le sida d’ici à 2030. Ces objectifs comprennent notamment la suppression des mesures juridiques et des politiques punitives, la réduction de la stigmatisation et de la discrimination, mais aussi la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes, ainsi que la violence sexiste.

Les leviers sociétaux sont des facteurs structurels et systémiques, notamment juridiques, culturels, sociaux et économiques qui jouent un rôle essentiel dans l'efficacité de la riposte au sida. Leur mise en œuvre éliminerait les obstacles pour accéder aux services de santé et permettrait aux individus et aux communautés de mieux protéger leur santé et leur bien-être. Les principales lacunes et difficultés qui subsistent dans la riposte au VIH sont en grande partie imputables aux manquements répétés à défendre les droits humains. Le rapport présenté montre noir sur blanc qu’il est possible de faire respecter les droits humains et de réformer les lois ou de réduire la stigmatisation et la discrimination, et que cela se produit déjà dans le monde. Cependant, pour mettre en œuvre ce changement, nous devons veiller à ce que l’action soit financée correctement, menée à long terme et par des organisations dirigées par des communautés. Reconnaissant cette situation, le rapport formule des recommandations claires pour garantir le financement et le soutien aux organisations communautaires, en particulier celles dirigées par les populations clés qui sont souvent criminalisées, ainsi que pour réduire la stigmatisation et la discrimination grâce à des plateformes multipartites telles que le Partenariat mondial pour l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH.

En réaction à la publication du rapport, Dre Tlaleng Mofokeng, rapporteuse spéciale sur le droit à la santé, a déclaré : 

« À l’heure de l’amélioration de l’équité en matière de santé, il faut mettre l’accent sur les personnes qui sont frappées par plusieurs formes d’oppression simultanées et sur les statuts de santé, comme le VIH, qui mènent souvent à des discriminations. Cela encourage des approches du VIH fondées sur les droits humains et donc un examen des lois nationales et des cadres législatifs non seulement du point de vue de la protection des droits humains, mais aussi dans la mesure où ces textes favorisent une existence dans la dignité pour concrétiser le droit à la santé. Les lois hostiles et la criminalisation n’ont pas leur place dans les soins anti-VIH et les problématiques qui y sont liées. »

S’exprimant lors de cet événement, le directeur exécutif adjoint par intérim de l’ONUSIDA pour la politique, la sensibilisation et les connaissances, Matthew Kavanagh, a déclaré : 

« Pour la première fois, des États membres de l’ONU du monde entier s’engagent à atteindre des objectifs spécifiques en matière de réforme du droit et de suppression des lois punitives. Les lois et les politiques sont des aspects critiques pour le VIH. Elles ont le pouvoir soit d’aider les personnes à accéder aux services et à réduire les risques, soit d’encourager la discrimination et la stigmatisation. C’est à la fois une urgence et une nécessité pour nous ramener sur le droit chemin en vue de mettre fin au sida d’ici 2030. Nous disposons actuellement d’une chance unique de créer un changement significatif et durable pour nos communautés. »

Les activistes issus des communautés ont salué le rapport et appelé les pays à mettre en œuvre pleinement ses recommandations pour remettre le cap sur la fin du sida comme menace de santé publique d’ici 2030.

« Nous, les communautés de personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus, avons communiqué nos besoins dès le début de cette épidémie. Nous avons défendu nos droits et ouvert la voie en recherchant des solutions innovantes aux défis rencontrés », a déclaré Harry Prabowo, coordinateur de projet chez APN+ et coordinateur régional GNP+ pour les partenariats mondiaux. « Nous ne sommes pas seulement des activistes, nous possédons l'expertise juridique et nous éduquons et conseillons nos communautés. Nous ne nous contentons pas d’accéder aux services, nous les élaborons, les mettons en œuvre et assurons leur suivi. »

« Un objectif à long terme consiste à investir dans la réalisation d’un engagement qui façonne l’avenir de l’Afrique, qui prouve que les jeunes, en particulier les jeunes filles et les femmes, ont le pouvoir ultime de changer le cours de l’histoire et d’apporter des changements sur les questions qui les touchent, notamment en ce qui concerne le VIH/sida et la violence sexiste », a déclaré la représentante de la jeunesse d’Education Plus, Rahma Seleman. 

Mikhail Golichenko du Groupe de référence sur le VIH et les droits humains a formulé les commentaires finaux. 

« Criminaliser la non-divulgation du VIH, la transmission involontaire du VIH et les comportements liés à la consommation de drogues, au commerce du sexe et aux comportements sexuels consensuels entre personnes du même sexe fait obstacle à l'arrêt et à l'inversion de la tendance de l’épidémie mondiale de VIH. »

 

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Les gouvernements augmentent leur soutien financier pour riposter au sida

Genève, le 22 juin 2022—Devant le Conseil de coordination du Programme de l’ONUSIDA, des gouvernements ont commencé à promettre de nouveaux investissements pour mettre fin au sida.  

Le Royaume-Uni et l’Allemagne figuraient parmi les gouvernements qui se sont engagés à augmenter leurs ressources pour soutenir le travail du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida, l’ONUSIDA. 

Le Royaume-Uni augmentera son financement en faveur de l’ONUSIDA à 8 millions de livres sterling par an, contre 2,5 millions de livres sterling en 2021. Le Royaume-Uni a souligné l’importance d’un financement suffisant, prévisible et opportun pour permettre à l’ONUSIDA de remplir sa mission. 

L’Allemagne financera l’ONUSIDA à hauteur de 6 millions d’euros, cette année, contre 5 millions d’euros auparavant. Elle reconnaît ainsi le travail de l’ONUSIDA pour maintenir les services anti-VIH et autres services de santé dans les situations de conflit à travers le monde, y compris en Ukraine et chez ses voisins.  

L’ONUSIDA est le seul programme commun des Nations Unies. Ce modèle unique réunit l’UNICEF, l’UNESCO, l’ONU Femmes, le HCR, le Programme alimentaire mondial, le PNUD, l’UNFPA, l’ONUDC, l’OIT, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la Santé. De cette manière, l’ONUSIDA combine toute l’expertise technique, le travail intersectoriel et la portée politique nécessaires pour mettre fin à la pandémie de sida.  

Surtout, la structure de l’ONUSIDA inclut les populations les plus touchées par le VIH dans le cadre de ses activités et de sa gouvernance, afin qu’elles soient au cœur de la riposte mondiale. 

Le financement des donateurs en 2021 est détaillé sur le site en ligne de l’ONUSIDA dédié aux résultats et à la transparence.  

Les nouvelles ressources promises par les gouvernements constituent une étape importante pour renforcer les efforts de l’humanité en vue de mettre fin au sida. Ces dernières années, les baisses du financement de la lutte contre le VIH ont fragilisé la riposte au sida.  

Ces hausses récemment annoncées pourraient marquer le début d’une nouvelle dynamique pour combler les lacunes inquiétantes.  

Abordant la septième conférence de reconstitution des ressources à venir, le directeur exécutif du Fonds mondial, Peter Sands, a souligné que « pour permettre au Fonds mondial d’atteindre ses objectifs, nous avons besoin de la reconstitution complète des ressources et nous avons également besoin que l’ONUSIDA soit financée en totalité. Nous n'y arriverons pas sans hausse de budget. Nous ne pouvons sortir de notre chapeau de meilleurs résultats sans augmenter les ressources. » 

Lors de l’ouverture de la réunion du CCP, la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, a souligné que le sous-financement avait soumis la riposte au sida à rude épreuve. Une fois de plus, elle a indiqué qu’un financement solide et prévisible était essentiel pour sauver des vies et mettre fin à la pandémie : « La facture sera beaucoup plus salée si nous ne mettons pas fin à la pandémie de sida que si nous y mettons fin. » Et de rappeler les enjeux aux délégués et déléguées : « Des centaines de milliers de morts et des millions de nouvelles infections, toutes évitables. La fin de la pandémie de sida à la fin de cette décennie ou une pandémie de sida qui continue inlassablement. » 

Le Kenya, représentant le Groupe africain, a souligné que les pays du monde entier font confiance à l’ONUSIDA pour atteindre l’éradication du sida. La délégation canadienne a remarqué que « l’ONUSIDA est petite, mais a le bras long. Les fondements que vous posez pour la riposte au VIH résident dans les données que vous collectez, l’expertise et l’engagement de votre personnel, et le courage du Secrétariat pour signaler les violations des droits humains. » La délégation des ONG de la région Asie-Pacifique a souligné l’importance d’inclure les personnes vivant avec le VIH dans le Programme commun et a encouragé les donateurs à assurer son financement complet. La directrice exécutive de l’UNICEF, Catherine Russell, a averti les délégués et déléguées que les réductions antérieures des financements limitent la capacité des 11 agences à riposter correctement au VIH.  

La pandémie de VIH est une crise qui cause un décès par minute. Mais cela peut être terminé d’ici 2030 si les pays travaillent ensemble pour lutter contre les inégalités et font preuve d’ambition dans leurs actions et leurs investissements. Les actions nécessaires pour mettre fin au sida aideront à protéger la santé et les droits de tous et toutes, à renforcer le développement économique et à mieux préparer l’humanité aux risques de pandémies futures.

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Un an après l’adoption de la nouvelle stratégie audacieuse sur le VIH/sida, il est vital de passer à la vitesse supérieure, déclarent des États membres les Nations Unies

10 juin 2022

Un an après l’adoption de la nouvelle Déclaration politique sur le VIH et le sida : Mettre fin aux inégalités et agir pour vaincre le sida d’ici à 2030, les États membres des Nations Unies ont souligné la nécessité de travailler ensemble pour accélérer sa mise en œuvre.

En amont de la réunion, le Secrétaire général des Nations Unies a publié un rapport intitulé Lutter contre les inégalités pour mettre fin à la pandémie de sida. Ce document porte sur la mise en œuvre de la déclaration politique sur le VIH/sida. Le rapport explique comment les inégalités et les investissements insuffisants « laissent le monde dangereusement mal préparé pour affronter les pandémies d’aujourd’hui et de demain »

La pandémie de sida cause plus de 13 000 décès chaque semaine.

Les données du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) montrent que le recul des infections au VIH et des décès dus au sida est trop lent pour tenir la promesse de mettre fin à la pandémie d’ici 2030.

Le rapport du Secrétaire général présente des solutions, notamment (a) la prévention du VIH et les leviers sociétaux ; (b) les interventions menées par les communautés ; (c) l’accès équitable aux médicaments, aux vaccins et aux technologies sanitaires ; (d) le financement durable de la lutte contre le sida et de l’action de prévention, de préparation et de riposte menée face aux pandémies ; (e) les systèmes de données axés sur l’être humain et (f) le renforcement des partenariats mondiaux.

La déclaration du Secrétaire général de l’ONU à l’Assemblée générale faite par l’entremise de son Chef du Cabinet, Courtenay Rattray, décrit trois actions immédiates pour inverser les tendances actuelles et combler le retard. « Tout d’abord, nous devons lutter contre les inégalités, la discrimination et la marginalisation qui touchent en même temps des communautés entières et qui sont souvent renforcées par des lois, des politiques et des pratiques punitives ». Il a appelé à des réformes politiques pour réduire les risques liés au VIH au sein des communautés marginalisées, notamment les travailleur-ses du sexe, les consommateur-rices de drogues injectables, les personnes incarcérées ou transgenres et les hommes gays. Il a souligné que la stigmatisation est une entrave à la santé publique : « Tout le monde souffre de la stigmatisation. La solidarité sociale protège tout le monde ».

La deuxième étape consiste à assurer le partage des technologies de santé, y compris les antirétroviraux à action prolongée, afin de les mettre à disposition des personnes dans tous les pays du monde.

La troisième étape consiste à augmenter les ressources allouées à la lutte contre le sida. « Investir dans la lutte contre le sida, c’est investir dans la sécurité sanitaire du monde entier. Ces investissements sauvent des vies... et permettent d’économiser de l’argent. »

Dans son discours d’ouverture, le président de l’Assemblée générale, M. Abdulla Shahid, a noté que « l’accès équitable aux soins de santé est un droit humain essentiel pour garantir la santé publique de tout le monde. Personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas. Les objectifs 2025 en matière de sida nous donnent l’occasion de travailler ensemble afin d’augmenter les investissements dans les systèmes de santé publique et dans les ripostes aux pandémies, ainsi que de tirer les leçons chèrement apprises de la crise du VIH/sida pour assurer la reprise post-COVID-19, et vice versa. »

Plus de 35 États membres, observateurs et observatrices ont fait des déclarations lors de l’état des lieux de la situation du sida. Des contributions ont été apportées notamment au nom du Groupe africain, de la Communauté caribéenne, du Système d’intégration de l’Amérique centrale et de l’Union européenne.

Les déclarations ont mis l’accent sur l’urgence d’intensifier l’action collective en vue d’atteindre les objectifs 2025 et sur l’importance de prendre en compte les inégalités pour garantir la réussite de la riposte au VIH.

Le Président de l’Assemblée générale, le Secrétaire général, le Groupe africain, l’UE et plusieurs États membres ont souligné l’importance de financer pleinement la riposte au VIH et de renforcer les investissements dans la santé mondiale.

Le Groupe africain, ainsi que beaucoup d’autres intervenants et intervenantes, a abordé le thème de la lutte contre la stigmatisation et des lois discriminatoires qui empêchent certaines personnes d’accéder aux soins de santé et aux services sociaux.

Le débat a clairement montré qu’il est possible de mettre fin au sida, mais que cela nécessite une collaboration internationale et une action courageuse de la part des pays dans la lutte contre les inégalités. « Le message le plus important aujourd’hui », a conclu le Secrétaire général, « c’est que si nous travaillons ensemble pour lutter contre les inégalités qui perpétuent le VIH/sida, nous sommes toujours en mesure d’y mettre fin comme menace de santé publique à l’horizon 2030. »

Secretary General's report to the General Assembly

Political Declaration on HIV and AIDS: Ending Inequalities and Getting on Track to End AIDS by 2030

Feature Story

Samba Peuzzi, chanteur populaire et engagé, appelle à mettre fin aux infections à VIH parmi les enfants

16 juin 2022

Dans son studio d’enregistrement, Samba Peuzzi discute avec ses musiciens avec son énergie habituelle. Il est l’une des stars montantes de la scène musicale Sénégalaise. Une côte grandissante, des concerts à tout va, des millions de suiveurs sur les réseaux sociaux, Samba est un artiste que les jeunes au Sénégal et en Afrique de l’Ouest admirent et respectent. Ses paroles ont de l’impact et ses opinions comptent aux yeux de ses fans. 

Samba, c’est aussi un homme concerné par les défis auxquels fait face son pays, un homme indigné par le malheur de toutes ces personnes qui manquent encore de tout.  

C’est ce qui a poussé le chanteur à s’engager avec l’ONUSIDA pour lutter contre le VIH au Sénégal et dans la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Notamment, ce qui lui tient le plus à cœur, c’est de mettre fin au VIH pédiatrique dans le pays et la région. Il décide donc de prêter sa voix à cette cause à l’occasion de la journée internationale de l’enfant Africain.  

Malgré son agenda chargé, Samba fait une pause et enregistre un message adressé à la jeunesse au Sénégal et dans la région. Il les met en garde contre la complaisance et leur demande de ne pas oublier le sida, qui fait encore des ravages et cause une mort par minute dans le monde. « Dans la région, 4,7 millions de personnes vivent avec la maladie et 150,000 personnes sont mortes de causes reliées au sida en 2020 », explique-t-il. « Nous ne serons à l’abri qu’une fois que tout le monde sera à l’abri ». Il rappelle l’importance du dépistage et insiste particulièrement sur la question des enfants, souvent laissés de côté et livrés à eux-mêmes. 

En 2020, 24% des enfants infectés par le VIH vivaient en Afrique de l’Ouest et du Centre, où le taux de dépistage des bébés à la naissance est le plus faible au monde. La même année, environ 39 000 enfants et adolescents entre 0 et 14 ans sont décédés de maladies liées au sida dans la région—cela représente 39% des décès globaux pour cette tranche d’âge. Samba ajoute que la transmission verticale du virus est la plus élevée au monde, une transmission qui peut être prévenue grâce à la prise de traitements adaptés. « Nous devons faire mieux ! Engageons-nous ! » insiste-t-il.  

Pour l’ONUSIDA, collaborer avec des artistes comme Samba revêt une importance toute particulière. “Peu de gens doutent du bien-fondé de nos messages”, explique Patrick Brenny, Directeur Régional de l’ONUSIDA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. “Le sida est un problème qui doit être résolu, tout le monde peut s’accorder sur cela. Mais faire en sorte que ce message parvienne aux bonnes personnes, là est la difficulté. Samba Peuzzi, grâce à sa visibilité et le respect que les jeunes ont pour lui, nous aide à les sensibiliser, et à les inviter à s’impliquer dans le combat contre le VIH. C’est une action essentielle.” 

Le message de Samba Peuzzi place les jeunes devant une réalité douloureuse, mais a également le pouvoir de susciter une prise de conscience porteuse d’espoir. Il rappelle aux jeunes qu’aujourd’hui, on peut mener une vie normale et productive avec le VIH. Un dépistage précoce constitue le point de départ pour vivre longtemps et en bonne santé avec le VIH en accédant rapidement à un traitement qui peut arrêter l’évolution et la transmission du virus. « Le sida, on n’a plus besoin d’en mourir de nos jours », dit Samba. De plus, découvrir que l’on vit avec le VIH ne signifie pas que l’on doit renoncer à une vie affective et sexuelle épanouie, ou que l’on ne peut plus envisager d’avoir des enfants. 

Alors que la région fait face à des crises multiples, liées à la COVID-19, le conflit en Ukraine et la flambée des prix, il est indispensable de maintenir les efforts investis dans la réponse au VIH et rétablir au plus vite l’accès au dépistage et au traitement. Avec Samba, on regarde vers l’avenir avec une note d’optimisme et d’ambition.  

Retrouvez les clips de Samba Peuzzi sur nos plateformes Twitter, Facebook et  Instagram ainsi que sur les chaines de Trace Sénégal à la télévision et à la radio.

Opinion

De nouveaux médicaments peuvent aider à mettre fin au sida, mais les prix élevés et les monopoles pourraient empêcher les pauvres d’y avoir accès

18 mai 2022

Cet article a été publié pour la première fois par Inter Press Service

Matthew Kavanagh et Eamonn Murphy

Les auteurs sont tous deux directeurs exécutifs adjoints du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA)

WASHINGTON DC, 18 mai 2022 (IPS) - Une bonne nouvelle pour commencer : nous assistons à l’émergence d’un nouveau type de médicaments révolutionnaires pour prévenir et traiter le VIH. Bientôt disponibles, ces médicaments dits à action prolongée ne devront être pris que quelques fois par an seulement au lieu des thérapies quotidiennes actuelles. S’ils sont mis à disposition d’un très large public au fur et à mesure de leur mise sur le marché, ils permettront de sauver de nombreuses vies et d’aider à mettre fin à la pandémie de sida.

Mais voici la mauvaise nouvelle : dans la situation actuelle, la plupart des personnes qui en ont besoin ne pourront pas les obtenir rapidement à cause de leur prix élevés et parce que des monopoles excluront les personnes dans les pays à revenu faible et intermédiaire. C’est, une fois encore, la direction que nous prenons.

L’ONUSIDA s’est entourée de scientifiques, de chercheurs et chercheuses de réputation mondiale. Tous et toutes ont mis en avant que des médicaments de prévention à action prolongée sont désormais disponibles. Ces derniers se limitent à quelques injections par an pour protéger très efficacement contre la transmission du VIH. Les États-Unis les ont déjà autorisés et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) se penche actuellement sur le dossier.

À court terme, nous disposerons également d’autres médicaments prometteurs pour un traitement à action prolongée actuellement en cours de développement. S’ils tiennent leurs promesses, ils faciliteront le suivi à vie d’une thérapie contre le VIH, même pour les personnes dont le mode de vie ne permet pas de prendre aisément un comprimé tous les jours.

De nouveaux outils de prévention du VIH comme la prophylaxie pré-exposition (PPrE) à action prolongée sont indispensables pour lutter contre la pandémie en cours. En 2020, alors que l’humanité s’était donné pour objectif commun de ramener les nouvelles infections en dessous de la barre des 500 000 cas, nous en avons recensé 1,5 million et les nouvelles contaminations au VIH augmentent dans beaucoup trop de communautés.

La PPrE injectable à action prolongée pourrait aider à combler une lacune essentielle en matière de prévention du VIH pour les personnes exposées à des niveaux de risque extrêmes, en particulier ceux et celles dont la vie, les conditions logistiques et le contexte juridique gênent l’accès et la prise d’une PPrE orale.

On retrouve parmi ces populations les victimes de discriminations, les hommes gays et les personnes transgenres, les travailleurs et travailleuses du sexe et les toxicomanes en Afrique, en Asie, en Amérique latine et aux Caraïbes, ainsi qu’en Europe de l’Est. Les jeunes femmes africaines ont également besoin de nouvelles options de prévention du VIH, car elles sont exposées à des risques disproportionnés par rapport aux jeunes hommes de leur âge.

Des études ont montré que de nombreuses personnes souhaitent une option à action prolongée et on estime en effet que 74 millions de personnes dans le monde optent pour des méthodes de contraception injectables à action prolongée. Des études à la méthodologie précise présentées lors de la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) ont montré que la PPrE à action prolongée peut empêcher davantage de nouvelles infections que la prise quotidienne d’un comprimé.

Si l’OMS approuve son utilisation, le monde aura l’obligation de la rendre rapidement disponible à grande échelle. La meilleure façon de s’assurer que ces découvertes révolutionnaires changent la donne tout autour du globe est de les mettre librement à la disposition de toutes les personnes qui la choisissent.

L’année dernière, les États membres de l’ONU ont approuvé une nouvelle Déclaration politique sur le VIH/sida qui fixe un objectif ambitieux : que 11 millions de personnes aient accès à la PPrE d’ici 2025. Pour y parvenir, les gouvernements et les institutions qui devront acheter des stocks importants auront besoin de le faire à un prix abordable pour eux.

Actuellement, aux États-Unis, la PPrE à action prolongée coûte des dizaines de milliers de dollars. Cependant, les membres du Comité consultatif scientifique et technique (STAC) de l’ONUSIDA estiment qu’il est possible de produire une PPrE à action prolongée à un prix abordable, ce qui fera passer son coût de plusieurs dizaines de milliers de dollars à quelques dizaines de dollars seulement. Une baisse des prix serait possible sans rogner sur les profits à long terme des fabricants.

Pour le traitement du VIH, la science fait également des progrès rapides, et des technologies prometteuses en cours de développement pourraient rebattre les cartes. L’année dernière, 28,2 millions de personnes séropositives suivaient un traitement contre le VIH, ce qui correspond à plus de 10 milliards de comprimés consommés par an.

Mais 10 millions d’autres personnes ont toujours besoin d’un traitement anti-VIH. Le choix entre une pilule dont l’effet dure une semaine et une injection qui est efficace pendant des mois, faciliterait considérablement la mise en place et le suivi d’une thérapie, et, par conséquent, permettrait de sauver des vies et de donner un coup d’arrêt à la transmission du VIH.

L’accès généralisé à ces médicaments est entravé par plusieurs obstacles structurels, dont le fait que leur production reste jusqu’à présent entre les mains d’un nombre restreint d’entreprises présentes dans de rares pays. Cette situation maintient les prix à un niveau élevé et limite (et concentre) l’offre. Nous savons par expérience (avec les premiers ARV, la deuxième génération d’ARV et les vaccins et médicaments contre la COVID-19) que cette barrière ne peut être surmontée que par une intervention sur le marché.

Lorsqu’un traitement contre le VIH est apparu pour la première fois à la fin des années 1990, la thérapie coûtait plus de 10 000 $ par personne par an à cause des monopoles, si bien que des millions de personnes séropositives n’avaient pas les moyens de se l’offrir.

Une des conséquences a été la mort de 12 millions de personnes en Afrique. Nous avons observé une utilisation massive des antirétroviraux pour mettre fin au sida à partir du moment où les pays à revenu faible et intermédiaire ont lutté contre les pressions exercées et ont commercialisé des médicaments génériques concurrents, mais aussi lorsque la société civile mondiale a contraint les entreprises et les gouvernements occidentaux à cesser de se mettre en travers de leur route.

Cette expérience a conduit l’humanité à la conclusion qu’il ne fallait plus jamais que les personnes des pays en voie de développement soient exclues de l’accès aux technologies médicales vitales. Pourtant cette même approche d’exclusion aux conséquences mortelles empêche actuellement l’Afrique d’avoir accès à suffisamment de vaccins pour lutter contre la crise de la COVID-19.

Et vu la direction prise aujourd’hui, nous craignons que l’histoire ne se répète avec les nouveaux médicaments anti-VIH. Il faudra peut-être des années avant que de nouveaux médicaments disponibles à New York ou à Londres atteignent les personnes qui en ont le plus besoin à Manille, Freetown, Maputo, Sao Paolo et Port-au-Prince.

Toutefois, une autre stratégie existe, une stratégie qui garantit que les découvertes scientifiques développent leur plein potentiel. Les entreprises qui fabriquent des médicaments anti-VIH sont en mesure de fixer des prix à des niveaux que les pays à revenu faible et intermédiaire peuvent payer. La production de génériques dans les pays à revenu faible et intermédiaire est essentielle pour garantir des prix abordables sur le long terme.

Pour ce faire, nous devons briser les monopoles. Le regroupement des brevets et le transfert proactif de technologies permettront à un plus grand nombre d’entreprises en Afrique, en Asie et en Amérique latine de fabriquer des ARV à action prolongée à faible coût. Cela doit devenir une pratique standard. Par ailleurs, il est possible de partager des informations avant même d’avoir obtenu l’autorisation officielle de mise sur le marché.

Bien entendu, le prix et la production locale ne sont pas les seuls obstacles à une utilisation efficace de ces traitements. Certains systèmes de santé publique auront besoin de la solidarité et du soutien du monde entier pour assurer leur approvisionnement. Cette aide ne se limitera pas à l’achat, mais couvrira la logistique et le stockage, des formations pour assurer une fourniture efficace des médicaments, ou encore l’engagement des communautés pour couvrir la demande en traitements et apporter les connaissances suffisantes sur ces thérapies afin de renforcer leur suivi. Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida et nos partenaires apportent leur soutien à tous ces domaines.

Appuyons-nous sur la riposte urgente contre la COVID-19 pour mettre fin aux inégalités d’accès à toutes les technologies de santé, en encourageant les meilleures recherches scientifiques et en les transmettant à tout le monde, en investissant dans toutes les innovations en matière de santé qui sont des biens publics pour l’humanité entière.

Pour stopper les pandémies d’aujourd’hui et prévenir celles de demain, il est essentiel de passer d’une logique de monopoles des connaissances sur les technologies de santé vitales à une logique de partage dans le monde entier. Nous devons réformer les règles relatives à la protection de la propriété intellectuelle qui nous ont fait échouer au cours de ces pandémies, de sorte que l’accès aux découvertes scientifiques vitales ne dépende plus de votre passeport ou de l’argent que vous avez en poche.

Nous avons besoin que les gouvernements utilisent leurs compétences pour obliger le partage des découvertes scientifiques et des technologies liées aux pandémies, et nous avons besoin de leviers pour obliger les entreprises et les pays à utiliser les mécanismes dirigés par l’OMS. Nous devons créer une séparation entre les incitations en faveur de l’innovation et les monopoles sur la fabrication. Les monopoles restreignent l’offre, perpétuent des prix inabordables, aggravent les inégalités et se sont révélés un moteur d’innovation peu fiable, en particulier pour les problèmes de santé qui touchent de manière disproportionnée les personnes vivant dans la pauvreté.

Nous devons maintenant investir pour renforcer les capacités mondiales de production dans le domaine de la santé. Nous devons donner la priorité aux investissements dans les universités et autres établissements de recherche publics afin d’améliorer notre capacité technique à développer des technologies médicales pour toute l’humanité.

Nous pouvons mettre fin à la pandémie de sida. Ainsi qu’à la pandémie de COVID-19. Et arrêter les pandémies de demain. Mais nous avons pris du retard, en partie parce que les découvertes en biomédecine n’atteignent pas ceux et celles qui en ont le plus besoin. Agir en faveur des ARV à action prolongée évitera une contamination à de nombreuses personnes qui auraient sinon contracté le VIH. Les personnes vivant avec le VIH qui, autrement, seraient décédées du sida resteront en vie. Et le bien-être et la dignité des personnes exposées au VIH ou vivant avec le virus en seront renforcés.

Le fonctionnement normal du seul marché ne peut garantir un accès équitable à l’échelle mondiale aux technologies de lutte contre les pandémies. Ce dernier dépend aussi de la politique et de la pratique. Nous ne pouvons pas attendre le déploiement à grande échelle de toutes ces technologies dans les pays riches pour nous pencher sur ces règles. Nous devons nous y atteler sans attendre.

Les leaders des réseaux de la société civile, en particulier ceux dirigés par les personnes vivant avec le VIH et par les populations clés, nous demandent d’agir maintenant pour garantir l’accès de l’humanité entière aux nouvelles technologies anti-VIH. Nous en avons la capacité et le devoir.

En effet, le partage des découvertes scientifiques sauvera des vies et stoppera les pandémies.

Bureau IPS de l’ONU

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