Communiqué de presse
Le sommet se conclut par un appel à l'action pour réinventer la réponse à la pandémie de VIH et mettre fin au sida en Afrique occidentale et centrale
02 novembre 202102 novembre 2021Le Président du Sénégal, Macky Sall, s'engage à verser 3,5 millions de dollars supplémentaire
Le Président du Sénégal, Macky Sall, s'engage à verser 3,5 millions de dollars supplémentaires pour soutenir la réponse au VIH et cet appel à l'action
DAKAR/GENÈVE, 3 novembre 2021—Un sommet régional de trois jours sur le sida, qui s'est tenu à Dakar, au Sénégal, s'est conclu par un appel à l'action qui demande instamment un soutien plus fort aux réponses de santé menées par les communautés, des politiques fondées sur la science et les données, un investissement accru dans la réponse au VIH et la mise du VIH au centre de la préparation et de la réponse aux futures pandémies. Dans son discours de clôture, le Président du Sénégal, Macky Sall, s'est engagé à porter cet appel à l'action auprès de l'Union africaine et a promis des fonds supplémentaires pour le mettre en œuvre au Sénégal et dans toute la région.
L'Afrique occidentale et centrale compte 4,7 millions de personnes vivant avec le VIH, soit 12 % des personnes vivant avec le VIH dans le monde, mais enregistre 22 % de tous les décès liés au sida dans le monde. En moyenne, les pays de la région ont connu une baisse plus lente des infections à VIH que les autres pays du continent et la prévalence du VIH chez les femmes est nettement plus élevée que chez les hommes. L'accès au dépistage et au traitement du VIH a atteint 73 % des personnes vivant avec le VIH en 2020, contre 38 % en 2015. Bien qu’encourageant, cela reste en deçà de l'objectif de 81 % qui avait été fixé pour 2020. La région compte le plus grand nombre de femmes enceintes séropositives au monde qui attendent encore un traitement, et seuls 24 % des enfants vivant avec le VIH ont une charge virale indétectable.
L'Appel de Dakar pour réinventer la réponse à la pandémie de VIH demande une action urgente dans quatre domaines principaux :
1. Renforcer les infrastructures des organisations communautaires pour renforcer les systèmes de santé des pays grâce à l’adoption de politiques sanitaires adéquates, et à la mobilisation de financements durables. Trop de personnes dans notre région, parmi les plus vulnérables, n’ont pas accès aux systèmes de santé classiques. Il est prouvé que les organisations et réseaux de la société civile sont essentiels pour répondent à ces défis. Il s'agit notamment d’élargir l’offre de services de traitement et de prévention du VIH par des organisations communautaires en partenariat avec le système de santé publique, de veiller à ce que la société civile organisée et les communautés affectées soient incluses en tant que partenaires essentiels dans les instances de prise de décision, et de construire des structures de responsabilité comme la surveillance dirigée par la communauté.
2. Mettre à jour les politiques de santé pour les aligner sur les données scientifiques les plus récentes pour répondre à la pandémie de VIH. Les pays qui ont aligné un plus grand nombre de leurs politiques relatives au VIH sur les données scientifiques et les preuves, et leurs programmes de mise en œuvre de ces politiques, ont fait de plus grands progrès contre le sida. Les gouvernements sont invités à revoir leurs politiques sanitaires à la lumière des données scientifiques et des preuves d’efficacité les plus récentes et à adapter les programmes. Ceci est une condition essentielle pour améliorer la réponse au VIH, en particulier pour répondre aux besoins spécifiques des personnes les plus vulnérables, et mettre fin au sida.
3. Augmenter de 33% les ressources nationales et internationales consacrées au VIH dans la région d'ici 2025 et supprimer les obstacles financiers à l’accès individuel des personnes vivant avec le VIH aux services de santé. Des études de l’ONUSIDA révèlent que 2,67 milliards de dollars d'ici 2025, soit une augmentation de 33%, garantirait un financement suffisant pour une réponse complète au VIH dans la région. Les progrès insuffisants de la réponse à la pandémie de VIH ne font qu'accroître les coûts à long terme qui pèseront sur des budgets de santé déjà surchargés.
4. Placer la réponse au VIH, et la COVID-19, au centre du dispositif pour préparer et répondre à l’émergence possible de futures pandémies. De nombreuses mesures restent à prendre pour accélérer seront aussi utiles pour prévenir l’émergence de futures pandémies et y faire face le cas échéant. Ces mesures incluent de développer et de protéger le personnel de santé formel et informel, d’informer les décisions par des données scientifiques, de mettre en œuvre des réponses fondées sur les droits et de garantir un accès équitable aux nouvelles technologies médicales.
Ces quatre actions devraient être mises en œuvre au cours des trois prochaines années et permettraient à la région de se rapprocher de l'objectif mondial de 2025, à savoir que 95 % des personnes connaissent leur statut VIH, 95 % des personnes connaissant leur statut VIH commencent un traitement et 95 % des personnes sous traitement soient sous suppression virale. Elles contribueraient à une réduction spectaculaire du nombre de décès liés au sida et de nouvelles infections à VIH dans la région.
L'Afrique occidentale et centrale a été à l'avant-garde de certains des efforts les plus innovants et les plus fructueux de la réponse mondiale au VIH. Mettre fin au sida dans le cadre du programme de développement durable 2030 reste une priorité, même si la région est confrontée à de multiples défis, notamment la réponse à la pandémie de COVID-19, les nombreuses crises économiques et sécuritaires, et le changement climatique.
Au cours du sommet, les gouvernements, les acteurs de la société civile, les organisations dirigées par les communautés, les scientifiques et d'autres partenaires ont examiné les nouvelles données et les progrès réalisés contre le VIH au cours des cinq dernières années et ont pris note de la nouvelle Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026 de l'ONUSIDA et de la Déclaration politique sur le VIH et le sida de l'Assemblée générale des Nations Unies intitulée « Mettre fin aux inégalités et se mettre sur la voie de l'élimination du sida d'ici à 2030 ».
Le sommet a été co-organisé par l'ONUSIDA et l'Institut de la société civile sur le VIH et la santé en Afrique occidentale et centrale, sous l’égide du Président du Sénégal, Macky Sall. Il s'est tenu avec le soutien du Luxembourg et de la Fondation Bill et Melinda Gates.
ONUSIDA
Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.
Déclarations
« Le mot clé aujourd'hui plus que jamais est la mobilisation. Mobilisons-nous pour le financement, pour la recherche et pour la vaccination. Je m'engage à travailler avec vous pour plaider auprès de l'Union africaine et des partenaires pour que le financement de la lutte contre le VIH soit renforcé et que ce renforcement puisse commencer par nos Etats africains eux-mêmes. J'engage 2 milliards de francs CFA (3,5 millions de dollars) supplémentaires dans la lutte contre le VIH, dont un milliard sera donné à la lutte communautaire par la société civile et l'autre milliard ira au Conseil national de lutte contre le sida pour aider les personnes vivant avec le VIH. »
« Les faits montrent que la riposte au sida est plus efficace lorsque les organisations dirigées par la communauté fournissent des services en tant que partie intégrante de la réponse publique, qu'elles sont impliquées en tant que co-planificateurs, qu'elles peuvent mettre en avant leurs expériences et leurs préoccupations et qu'elles jouent leur rôle essentiel pour garantir que chaque partie prenante soit tenue responsable. Cette conférence lance un appel audacieux pour supprimer les obstacles juridiques, politiques et programmatiques qui empêchent la région de mettre fin au sida et pour augmenter les ressources afin de libérer le pouvoir des organisations locales pour nous aider à mettre fin aux décès liés au sida et aux nouvelles infections à VIH. »
« Il s'agit d'un développement important pour l'Afrique occidentale et centrale, puisque le gouvernement du Sénégal et l'ONUSIDA ont co-organisé ce sommet de haut niveau avec la société civile en tant que partenaires égaux—montrant ce qui est possible lorsque le gouvernement, les parties prenantes internationales et la société civile s'unissent pour répondre à une pandémie. »
« Si nous voulons atteindre les ODD, nous devons accroître le soutien public au développement. Nous devons renforcer les systèmes qui ont souffert pendant la pandémie de COVID-19 et rendre les systèmes de santé plus résilients. »
« Nous savons que les pandémies telles que la COVID-19, le VIH et la tuberculose exacerbent les inégalités et s'en nourrissent—le monde doit prendre des mesures pour lutter contre les inégalités et les autres obstacles à la santé afin de mettre fin au sida. »
« Les soins pédiatriques sont faibles dans notre région. Les enfants nés avec le VIH meurent trop souvent de maladies liées au sida. Nous comptons sur votre leadership et votre volonté politique pour que les enfants ne soient plus oubliés. Pour la société civile, l’Appel de Dakar représente un nouveau départ. »
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