Reportage

Surmonter les obstacles discriminatoires à l'accès aux services de santé

14 mars 2014

Les lois, politiques et pratiques discriminatoires en vigueur, de même que les attitudes négatives chez les professionnels de santé constituent une partie des principaux obstacles qui empêchent de nombreuses personnes d'accéder aux services de santé.

Telle est l'une des principales conclusions ressortant d'un débat organisé par l'ONUSIDA le 11 mars dans le but d'examiner comment les obstacles discriminatoires à l'accès aux services de santé affectent les différents groupes de population, notamment les personnes vivant avec le VIH, les migrants non informés, les personnes transsexuelles et les personnes handicapées.

Pour les migrants, la discrimination commence souvent à leur point de départ, lorsque les règles applicables avant un départ vers l'étranger prévoient un dépistage obligatoire du VIH, un test de grossesse et d'autres examens médicaux. Pour éviter ces examens, les migrants risquent d'opter pour des voies d'immigration clandestines, et ce faisant, ils ne sont pas informés et il leur est impossible d'accéder aux services de santé.

Pour les personnes transsexuelles, la discrimination est incarnée par la Classification internationale des maladies, qui considère le transsexualisme comme une maladie mentale. Dans de nombreux pays, y compris plus d'une vingtaine en Europe, les personnes transsexuelles sont forcées de subir une stérilisation avant toute opération chirurgicale en vue de changer d'identité de genre.

S'exprimant à propos du manque de compréhension possible sur les questions de transsexualité au sein de la profession médicale, Mauro Cabral de Global Action for Trans Equality (GATE) souligne que « l'ignorance ne peut plus être une excuse. Les médecins doivent respecter les patients, et non les juger ».

Un autre obstacle couramment identifié réside dans le sentiment au sein de la population générale de nombreux pays que les ressources investies dans les services de santé sont « gaspillées » lorsqu'elles concernent ces groupes que beaucoup considèrent comme « moins dignes d'en bénéficier ».

Surveiller et documenter la discrimination, telles sont les actions citées en tant que stratégie pour générer des données probantes afin de lutter contre ce problème. À cet égard, l'Indice de stigmatisation et Human Rights Count (Les Droits humains comptent) ont été mis en avant comme outils employés avec succès pour observer la discrimination à l'encontre des personnes vivant avec le VIH. Par exemple, l'outil Human Rights Count a permis de mettre au jour la pratique des stérilisations forcées chez les femmes vivant avec le VIH.

« Lorsque les communautés reçoivent l'espace et l'opportunité de s'engager dans la surveillance des droits humains, les obstacles réels à l'origine de l'impossibilité d'accéder aux services de santé peuvent être identifiés et combattus », explique Chris Mallouris, Conseiller en mobilisation communautaire à l'ONUSIDA. « Nous devons veiller à ce que les communautés soient au cœur des efforts de lutte contre la discrimination. Elles doivent être présentes en tant que partenaires sur un pied d'égalité », ajoute-t-il.

Le débat de la table ronde s'est conclu par une reconnaissance incitant à la réflexion du long parcours à venir pour arriver à l'objectif de zéro discrimination. Les participants ont admis que les actions devaient être intensifiées afin de surmonter les obstacles à l'accès aux services de santé et que personne ne devait être laissé de côté si nous voulons atteindre les objectifs mondiaux en matière de santé.