Reportage
Le VIH en Libye : nouvelles preuves et évolution de la riposte
28 juin 2012
28 juin 201228 juin 2012La prévalence du VIH chez les consommateurs de drogues injectables dans la capitale libyenne, Tripoli, atteint le chiffre alarmant de 87 % selon les résultats d'enquêtes bio-comportementales menées par la Faculté de médecine tropicale de Liverpool, avec le soutien de l'Union européenne. Menée auprès de 328 consommateurs de drogues injectables, 227 hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et 69 professionnels du sexe, l'étude visait à indiquer la progression de la prévalence du VIH chez les populations les plus exposées au risque.
Les résultats de l'étude ont été présentés à l'occasion du premier Symposium national sur le VIH depuis le conflit en Libye, qui s'est déroulé le 26 juin dans la capitale libyenne, Tripoli, sous l'égide de la Ministre de la santé libyenne et du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC).
Au vu de ces nouvelles preuves, la Ministre de la santé libyenne, S.E. le Dr Fatima Elhamrosh, a appelé à une action urgente de la part de tous les secteurs concernés en Libye. « Nous devons mettre au point et implanter des programmes complets pour répondre à la croissance de l'épidémie de sida chez les populations les plus exposées en Libye », a déclaré Madame la Ministre Elhamrosh.
Avant le début de la révolution au printemps 2011, il était difficile pour l'ONUSIDA et les partenaires de développement internationaux de travailler en Libye de manière systématique. La question du sida n'était pas abordée ouvertement, ni considérée comme une priorité. Les nouvelles données confirment que la situation du VIH en Libye est pire que ce qu'indiquaient auparavant les rapports officiels.
« Nous saluons l'engagement politique remarquable du gouvernement libyen dans la riposte à l'épidémie de sida », a déclaré Hind Khatib, directrice de l'équipe d'appui régionale de l'ONUSIDA au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. « L'engagement de Son Excellence la Ministre de la santé à déployer des services de traitement médicamenteux afin d'offrir des ripostes factuelles et la mise en place de 8 centres de conseil et de dépistage volontaire à l'attention des populations les plus exposées sont des exemples nets de l'engagement politique accru », a ajouté Mme Khatib.
Nous devons mettre au point et implanter des programmes complets pour répondre à la croissance de l'épidémie de sida chez les populations les plus exposées en Libye
S.E. le Dr Fatima Elhamrosh, Ministre de la santé libyenne
Les recommandations de l'ONUSIDA en matière de ripostes de prévention du VIH chez les consommateurs de drogues injectables insistent sur la nécessiter de développer une série complète de mesures contenant l'ensemble des options de traitement, notamment le traitement substitutif, et la mise en œuvre de mesures de réduction des risques par le biais, entre autres, d'un travail de proximité à l'attention des consommateurs de drogues injectables et de programmes d'aiguilles et de seringues stériles. Mais aussi, le conseil et le dépistage confidentiels en matière de VIH, la prévention de la transmission sexuelle du VIH parmi les consommateurs de drogues (y compris les préservatifs, la prévention et le traitement des infections sexuellement transmissibles), l'accès aux soins primaires et au traitement antirétroviral. Cette approche doit reposer sur la promotion, la protection et le respect des droits de l'homme des consommateurs de drogues.
Suite au changement de gouvernement, l'ONUSIDA a apporté un appui technique au Ministre de la santé et à l'équipe nationale des Nations Unies en Libye pour s'attaquer aux priorités émergentes en matière de VIH. Ceci a permis de mieux identifier les priorités, d'améliorer les connaissances sur la situation et la riposte au VIH, de mettre en place l'équipe commune des Nations Unies sur le sida et de renforcer l'engagement du gouvernement, des Nations Unies et des organisations de la société civile.
À l'issue du symposium, les participants ont adopté une déclaration d'engagement pour élargir la riposte nationale au sida en Libye, en mettant l'accent sur les programmes de prévention du VIH, les droits des personnes vivant avec le VIH et l'expansion du rôle de la société civile dans la riposte nationale.
L'UNODC a également relancé la deuxième phase de son projet de lutte contre le VIH en Libye axé sur la prévention du VIH chez les consommateurs de drogues injectables et dans les centres de détention. Le projet, financé par le gouvernement libyen et suspendu en 2011 en raison de problèmes de sécurité, a pu être relancé.
« L'UNODC accueille chaleureusement les expressions de volonté et d'engagement politiques du gouvernement libyen dans la riposte à la crise du VIH et de la consommation de drogues en tant que priorité nationale », a indiqué Masood Karimipour, représentant régional de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime. « L'UNODC est fier de son partenariat avec la Libye afin d'apporter une riposte complète pour prévenir la consommation de drogues et la prolifération du VIH ainsi que traiter les personnes vulnérables en coordination avec l'ensemble des parties prenantes nationales, l'ONUSIDA et la communauté internationale », a ajouté M. Karimipour.
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